Musarderie mordorée

« La plupart des photographies rassemblées ici pour nous heurter ne nous font aucun effet, parce que précisément le photographe s’est trop généreusement substitué à nous 
dans la formation de son sujet:  il a presque toujours surconstruit l’horreur qu’il nous propose (…) 
C’est qu’en face d’elles, nous sommes à chaque fois dépossédés de notre jugement : on a frémi pour nous, on a réfléchi pour nous; le photographe ne nous a rien laissé -qu’un simple droit d’acquiescement intellectuel : nous ne sommes liés à ces images que par un intérêt technique ; chargées de surindication par l’artiste lui-même, elles n’ont pour nous aucune histoire, nous ne pouvons plus inventer notre propre accueil à cette nourriture synthétique, déjà parfaitement assimilée par son créateur (…) »
In Roland Barthes, Mythologies (1957)

Je ne peux de fait  m’empêcher de transposer cette réflexion de l’iconique essayiste (dédiée aux Photos-chocs) au registre de l’esthétique modesque au sens large, d’y déceler un Éloge prophétique du naturel et de la spontanéité en un temps qui ignorait encore l’aseptisation numérique … mais où l’Artifice (plastique et / ou  narratif ) était loin d’être absent pour autant ! Impérieuse nécessité de flatter l’imaginaire et les sens du Spectateur, que l’exquise Clémentine from in these lovely dreams conjugue ici au mode du recueillement contemplatif : languissante Beauté nimbée de mélancolie sur son canapé, vêtue d’une couverture mordorée qui pourrait suffire à orner sa pulpeuse nudité ; le fantasmatique soupçon s’évanouit à mesure que la parure relâche son emprise mais le charme opère invariablement, ce triptyque photographique achevant d’honorer l’Élégance de Boudoir, Ode à l’Intimité, dans toute son insolence multi-facettée . . .

 » Most of the photos gathered here in order to strike us make us no effect, precisely because  the photographer too generously substituted himself for us in the formation of its subject: 
he has almost always overbuilt the horror which he proposes us (…) 
It is whom in front of them, we are every time dispossessed of our judgment : we shivered for us, we thought for us ; the photographer left nothing to us – that a simple right of intellectual permission: we only are connected to these images by a technical interest; charged of surindication by the artist himself, they have for us no history, we cannot invent any more our own reception in this synthetic food, already perfectly likened by his creator (…) « 
In Roland Barthes, Mythologies (1957)
Actually I can’t help but translate the iconic essayist’s thoughts (dedicated to Photo-Shocks) to the aesthetic realm, to detect a prophetic praise of naturalness and spontaneity at a time which did not yet know digital alteration  … but where the Artifice (plastic or narrative) was far to be nonexistent ! Masterful need to feed the Spectator’s senses and imagination, that the delicious Clementine from in these lovely dreams Here declines on a haughty melancholic mode : Wistful Beauty, languid on her sofa, whose bronzed blanket could be enough to adorn the luscious nakedness; vanishing suspicion but stainless spell, this refined triptych finally achieving to honor Boudoir Intimacy in all its insolent diversity . . .

18 réflexions sur “Musarderie mordorée

  1. Bonjour Antoine , Très jolie photos le modèle s'enroule dans de l 'or … les photos que tu choisie sont souvent dans la suggestion,c'est sensuelles ,c est le genre de photos que je ne me lasse pas de regarder ( j ai bcp aimé la lectrice 1et 2 )

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